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Former à l’intelligence économique, une réponse aux enjeux de l’économie de la connaissance pour soutenir la compétitivité des entreprises.

L’économie de la connaissance ne se caractérise pas fondamentalement par la quantité de connaissances utiles…
Publié le 22 octobre 2013
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L’économie de la connaissance ne se caractérise pas fondamentalement par la quantité de connaissances utiles mises à la disposition des agents économiques, mais par son mode d’organisation : c’est-à-dire par le fait que l’Etat et les entreprises s’organisent pour créer, protéger, disséminer et exploiter la connaissance qui acquiert la dimension d’une ressource productive fondamentale.

L’économie de la connaissance est très différente de l’économie industrielle puisqu’elle engendre un mode d’organisation et de coordination des acteurs qui s’inscrit dans le long terme (non pas par l’accumulation mais par le partage et la diffusion) et crée des mécanismes durables de performances économique et sociale. En cela, cette économie de la connaissance prend racine dans le développement durable et l’alimente.

Dans ce cadre, sachant que la formation est un levier de compétitivité majeur des nations, la mission de l’enseignement et de la recherche en sciences sociales (économie et gestion principalement) se trouve profondément bouleversée, sinon remise en question par cette économie nouvelle.

L’utilisation pertinente du capital connaissance nécessite quatre grande capacités:

  • capacités d’interpréter l’information, c’est-à-dire de l’évaluer et de l’expertiser;
  • capacités de la traduire en action, donc de s’en servir comme d’une ressource productive;
  • capacités d’atteindre des résultats (innovations, part de marché, brevets, image de l’entreprise)
  • capacités de capitaliser sur ces trois précédents aspects afin d’en tirer de nouvelles connaissances.

Ces capacités nécessitent un personnel qualifié et expert notamment en termes de traitement d’information et des connaissances. Les capacités mentionnées sont celles qui sont acquises par la formation en IE1.
Celle-ci joue donc un rôle crucial dans les dispositifs d’apprentissage a deux niveaux : sur le type de connaissances/compétences acquises et sur les méthodes d’apprentissage employées pendant le cursus d’une part ; sur les contenus spécifiques des formations en IE d’autre part.

Mais, il faut noter qu’il a deux risques généralement liés à la formation qui nécessitent de préparer les jeunes à l’IE : La prise de conscience des problèmes liés à la sécurité: le personnel des entreprises, des institutions et des collectivités doit être formé et sensibilisé aux enjeux de la sécurité économique, notamment sur la partie immatérielle de ces derniers comme l’information, les brevets, les marques, les réseaux sociaux, etc. lesquels sont autant de failles de nature à nuire à la compétitivité de l’entreprise et du pays, si elles ne sont pas maîtrisées. Les risques en termes de formation d’une manière générale:

L’économie du savoir inverse le sens des transferts de connaissances entre les générations. C’est la notion de « néoténie ». Il faut donc investir dans les nouvelles technologies mais également dans l’éducation et la formation des individus de tous âges.
Cette nécessité de formation s’accompagne du « danger » de voir les personnes hautement qualifiées émigrer. Ce risque de délocalisation de l’intelligence est grand aujourd’hui mais peut être ralenti par une solide formation en intelligence économique.
Longtemps réservée à des initiés (les fondateurs dans les années 90), l’IE a acquis ses lettres de noblesse dans les années 2000 mais a surtout permis une prise de conscience nationale de l’impérieux besoin de former les étudiants français à l’IE. Dès 2003, avec la création d’un poste de Haut responsable à l’IE, puis de Délégué(e) interministériel à l’IE, des actions décisives ont été prises et notamment en matière de formation et d‘éducation. La politique publique d’IE était née et même si les acteurs de l’enseignement supérieur ont eu du mal, maintenant encore d’ailleurs, à mettre en place les référentiels et les cursus ad hoc, de gros efforts en matière de formation ont été conduits jusqu’à maintenant. Le dernier en date étant le projet d’enseignement pilote en IE conduit par le MEDEF et l’INHESJ.
L’enjeu de l’IE pour les entreprises est d’organiser et de structurer les flux d’informations et de connaissances à partir de leurs contextes structurels en utilisant des outils, une philosophie du partage, des procédures et des routines. Dans cette vision « comportementale et organisationnelle », le rôle des réseaux et des communautés de pratiques constitue le cœur du processus d’IE. Il mobilise donc des ressources à deux niveaux :

  1. la création d’un contexte favorable à la circulation et au partage de l’information ;
  2. l’accroissement des compétences individuelles et collectives pour rendre les acteurs « intelligents », c’est-à-dire ayant la capacité de développer des réseaux personnels, de se former, de pratiquer, de partager, de médiatiser l’information.

L’individu devient ainsi « agent du savoir » et croise le sien avec ceux des autres.

Ainsi, le processus d’IE dans les organisations existe-t-il parce que des individus compétents, organisés en communautés, interagissent pour identifier, traiter, diffuser et transformer l’information en connaissances et en innovations. Favorisé par l’équipe dirigeante, le capital social tisse des liens d’échanges entre les différentes couches de l’organisation. L’IE construit ou aide à structurer des formes d’organisations plus interconnectées et donc plus réactives.

La formation en IE est donc une priorité et doit conduire les diplômés (et notamment les futurs manageurs) à adopter des réflexes qui généreront de la performance et assureront la sécurité économique de leur organisation. Il existe trois niveaux d’apprentissage de l’IE :

  • Sensibiliser : identifier les enjeux de l’information, de son traitement et de sa valeur dans l’entreprise ;
  • Approfondir : décortiquer les mécanismes de veille, d’influence, de diffusion de l’information et de management des connaissances ;
  • Spécialiser : se rendre expert dans les métiers de l’IE ou acquérir une double compétence.

A chacun de déterminer le degré de connaissances en IE nécessaires à son organisation ou à son projet professionnel.

En conclusion, nous pouvons noter que la formation à l’IE est née naturellement d’une évolution économique sans précédent et de l’avènement de l’économie de la connaissance. La difficulté de sa reconnaissance d’abord et de sa mise en œuvre systématique, notamment sur le plan de la formation, s‘explique par les conséquences structurelles et managériales importantes qu’elle produit dans les organisations : horizontalisation, interconnections, évolution des savoirs-être et savoir-faire, acquisition de doubles compétences et donc mobilité, volatilité des compétences.

Pour autant, il est aujourd’hui impensable de diplômer des étudiants qui dédieront leur vie professionnelle à des organisations globales, sans les avoir au moins sensibilisés aux enjeux de l’IE ! Le défi est grand mais il est garant de la compétitivité de notre pays et de nos entreprises dans le monde.

Former à l’intelligence économique, une réponse aux enjeux de l’économie de la connaissance pour soutenir la compétitivité des entreprises.

Alice GUILHON,
Directrice générale SKEMA Business School,
Membre du Groupe IE de l’INHESJ,
Membre du Conseil Economique de Sécurité

1 Il existe de très nombreuses définitions de l’IE, celle retenue ici et qui fait consensus, a été définie dans le cadre des travaux sur le référentiel d’IE piloté par Alain Juillet, Haut Responsable à l’IE en 2003 : la maîtrise de l’information stratégique.

 

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