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Fondations d’université : éloge du temps long

 Les Fondations d’université remplissent trois fonctions : structures de mécénat pour le financement des établissements véhicules…
Publié le 30 janvier 2019
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 Les Fondations d’université remplissent trois fonctions :

  • structures de mécénat pour le financement des établissements
  • véhicules des partenariats avec les entreprises
  • pépinières abritant des projets innovants.

 

Dix ans après leur création, elles peuvent s’interroger sur leur avenir. Comment ces nouvelles structures s’installent-elles dans la durée, à côté des universités qu’elles accompagnent ? A quel horizon de temps doivent-elles se projeter ?

  • S’il est vrai que la levée de fonds en appelle au sentiment d’appartenance à leur établissement de la part des donateurs, ce sentiment repose sur une base objective et ne procède pas de la génération spontanée. Il s’éprouve à l’égard d’une institution qui revendique sa singularité et qui cultive son caractère propre. Or, si les écoles entretiennent de longue date la fidélité de leurs diplômés, la démarche est beaucoup plus récente pour les universités. L’exercice de l’autonomie, le déploiement de stratégies d’établissement et l’affirmation d’ambitions internationales créent les conditions de l’émergence de communautés de diplômés, mais il y faudra du temps.

 

  • Les fondations d’université ne peuvent pas encore témoigner d’une histoire qui les aurait rendues familières. Elles ont besoin de faire connaître leur existence, d’attirer l’intérêt sur leurs programmes et d’instaurer la confiance dans leur gestion. Il faut aux fondations le temps de s’installer dans le paysage visible des donateurs potentiels. La levée de fonds est tributaire de la démonstration que les actions engagées par la fondation sont pertinentes, et cette crédibilité ne se décrète pas, elle s’acquiert à l’usage.

 

  • La levée de fonds est un métier étendu et complexe, qui mobilise des compétences dans des domaines variés : relations publiques, gestion événementielle, organisation de réseaux, communication institutionnelle, marketing de masse, etc. Des individus et des équipes se forment à l’expérience, et les universités elles-mêmes apprennent progressivement l’activité de « leur » fondation.

 

  • L’invocation rituelle des obstacles « nationaux » au fundraising dessert la bonne cause quand elle entretient le découragement. Or, le succès d’opérations comme le Téléthon, ainsi que la performance de fondations à vocation médicale ou humanitaire devraient relativiser le complexe français. La fiscalité française est très favorable aux donateurs. Les fondations d’université sont encore jeunes, et elles ont une réputation à construire : plus elles seront nombreuses et plus la légitimité de chacune d’entre elles sera renforcée.

 

  • Enfin, l’horizon de l’action d’une fondation se juge aussi à une question triviale : combien d’années lui faut-il pour constituer un capital (« endowment ») engendrant des revenus à même de financer le fonctionnement de la structure, sans prélever sur les flux annuels de dons ? Le seuil d’accumulation de ressources propres suffisantes pour couvrir le coût de fonctionnement d’une Fondation est un bon indicateur de la pérennité de celle-ci. Or, le temps minimal d’accumulation (sauf don exceptionnel) s’écoule sur deux à quatre décennies. Au demeurant, la constitution de ce capital ne soustrait pas des ressources au financement des missions de la fondation. D’abord parce que ce capital n’est abondé que par des flux résiduels, après financement des projets. Ensuite, parce que ce capital peut être investi dans des projets en rapport avec la mission de la fondation (logement étudiant, par exemple). Enfin, parce qu’une fois que ce capital a atteint le niveau suffisant pour autofinancer la structure, la fondation est libérée de la contrainte de prélever une part des flux annuels pour son propre fonctionnement.

 

Les fondations consacrent l’essentiel de leurs ressources à des projets du moment ; ce ne sont pas des cagnottes pour demain, mais des leviers pour aujourd’hui. Mais le développement des fondations s’inscrit dans une perspective de très long terme.

La conscience du temps long ne distrait pas de la recherche de résultats tangibles à court terme. Mais elle invite à se départir de deux risques. Le premier est de pécher par impatience, en brûlant les étapes et en fixant des objectifs inatteignables. Il faut tenir un équilibre entre une forte ambition et des capacités contraintes.

Le second risque est le court-termisme, celui qui suggère de ne rien épargner. Il est d’autant plus grisant que l’épargne est longue à se constituer. Tant que le capital accumulé est petit, la tentation est grande de l’affecter à des dépenses immédiates, de sorte que la fondation n’accumule jamais aucun fond. Au contraire, la fondation doit avoir l’objectif de constituer un « endowment », quitte à contrarier la satisfaction de besoins urgents.

Ainsi, une fondation d’université accompagne le développement de son institution dans une perspective intergénérationnelle. C’est l’honneur d’une génération de « fonder » ou « d’instituer »  une structure au service des générations qui la suivront : la fondation a aussi cette valeur symbolique là, une valeur « capitale ». La grandeur du temps des fondations donne la mesure des ambitions des universités qu’elles servent.

 

Laurent Batsch
président de la Fondation Paris-Dauphine

 

 

A propos de Laurent Batsch

Diplômé de l’École Normale Supérieure de Cachan, Laurent Batsch est Professeur à l’Université Paris-Dauphine où il enseigne la finance d’entreprise depuis 1999.

En 2001, il crée le Master 246 « Management de l’immobilier », accrédité auprès de la RICS.

Président de l’Université Paris-Dauphine entre juin 2007 et décembre 2016, Laurent Batsch a conduit une action dynamique pour l’Université avec l’obtention du label d’accréditation EQUIS, le lancement de la Fondation Dauphine, la création de nombreuses chaires, l’implantation de l’université à l’étranger avec la création de Dauphine-Tunis, la création d’un second campus dans le centre financier de la Défense et l’intégration de l’IPJ (Institut Pratique de journalisme).

En modernisant la gestion budgétaire, immobilière et des ressources humaines, il a rendu possible l’accès de l’université à l’autonomie en janvier 2011.

Sous sa présidence, Dauphine a renforcé sa réputation et aujourd’hui une université reconnue au niveau international pour la qualité de sa recherche et de ses formations, en l’impliquant particulièrement dans l’initiative d’excellence PSL* qui a été retenue par le jury international début juillet 2011.


Parcours :

  • 1980-1989 : professeur d’économie et gestion en lycée.
  • 1989-1992 : attaché (ATER) à l’Université de Paris XII Val de Marne.
  • 1992 : docteur en sciences de gestion de l’université Paris-Dauphine, « Aspects stratégiques et financiers des politiques de recentrage des groupes industriels en France », sous la direction d’Elie Cohen.
  • 1993-1997 : maître de conférences en sciences de gestion à l’Université Paris-Dauphine.
  • 1997 : agrégé en sciences de gestion (concours national de recrutement des professeurs d’université).
  • 1997-1999 : professeur de sciences de gestion à l’université de Cergy-Pontoise.
  • 1999-2007 : professeur de sciences de gestion à l’Université Paris-Dauphine.
  • 2007-2016 : président de l’Université Paris-Dauphine.
  • Depuis 2007 : président de la Fondation Paris-Dauphine

 

 

A propos de la Fondation Dauphine

Créée en 2008, la Fondation Paris-Dauphine a pour mission d’accompagner le développement et le rayonnement de l’Université en s’appuyant sur trois axes stratégiques : la créativité, l’international, la responsabilité sociale.

Depuis sa création, grâce à la générosité de donateurs et entreprises partenaires, la Fondation a collecté près de 30 millions d’euros, ce qui a notamment permis à :

  • 10 chaires de recherche de produire des travaux d’excellence mondiale ;
  • 460 lycéens issus du programme « Egalité des Chances » d’intégrer Dauphine en première année de licence ;
  • 600 étudiants de passer une année universitaire à l’étranger grâce à une bourse de mobilité internationale ;
  • Plus de 60 startups d’être hébergées et accompagnées au sein de l’incubateur de Dauphine ;
  • Une centaine d’étudiants d’être formés chaque année à la médiation culturelle par les conservateurs des plus grandes institutions telles que le Grand Palais ;
  • L’acquisition de 55 logements permettant de proposer aux étudiants une solution économique et confortable.

En 2016, la Fondation a obtenu le label « Don en confiance ». Cette labellisation garantit qu’elle satisfait aux quatre grands principes du Comité de la Charte du Don en confiance : transparence, respect du donateur, rigueur de la gestion, gestion désintéressée.

Pour en savoir plus : www.fondation-dauphine.fr

 

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