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Formation des futurs managers et santé au travail : un projet en cours…

Depuis une dizaine d’années, entreprises comme institutionnels se mobilisent autour du thème de la santé…
Publié le 22 septembre 2011
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Depuis une dizaine d’années, entreprises comme institutionnels se mobilisent autour du thème de la santé au travail et, en particulier, des risques psychosociaux : stress, harcèlement moral, violences au travail, burn-out… On a assisté en parallèle à la médiatisation du sujet et au lancement de différents plans d’action au niveau politique. C’est une véritable prise de conscience accrue de cette problématique à tous les échelons de la société.

En France, le ministère du Travail a lancé un premier plan Santé au travail en 2005, suivi d’un deuxième plan couvrant la période actuelle (2009-2014) : celui-ci indique que « la santé au travail et l’amélioration des conditions de travail sont tout à la fois une clef de la performance économique et sociale et de la compétitivité, une exigence pour le recrutement et le développement de l’emploi dans certains secteurs professionnels, enfin une condition du maintien en activité des salariés les plus âgés et de la valorisation de leur expérience ».

Un accord national interprofessionnel sur le stress au travail a été signé en 2008 et rendu obligatoire pour tous les employeurs en 2009. Un autre accord de 2010 invite les employeurs à prévenir les risques liés au harcèlement moral et aux violences au travail.

Les managers, acteurs de la santé au travail

Depuis 1991, en application de la directive-cadre européenne 89/391/CEE, la loi définit une obligation générale de sécurité qui incombe au chef d’établissement (articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail). Il revient à l’employeur d’évaluer les risques, y compris psychosociaux, et de prendre les mesures nécessaires pour assurer et protéger la santé physique et mentale ainsi que la sécurité de ses salariés. Il devrait en découler une démarche de prévention impliquant le repérage des dangers et des risques afin d’agir le plus en amont possible et d’éviter d’éventuelles conséquences délétères (maladies professionnelles, accidents).

Le manager se trouve ainsi en première ligne sur ces questions de santé au travail : en tant que personne exposée à différents types de risques professionnels, mais aussi en tant que responsable face aux conséquences des décisions qu’il est amené à prendre. Il doit donc préserver sa santé ainsi que celle des personnes concernées du fait de ses actes.

Le management d’une organisation de travail peut rendre celle-ci pathogène ou, au contraire, génératrice de bien-être pour les collaborateurs. Le soutien social et la reconnaissance apportés par un manager sont des facteurs efficaces de santé au travail.

Le rôle de la formation initiale et de l’enseignement supérieur

En parallèle des évolutions citées plus haut, la réflexion s’est portée sur les pratiques de formation initiale ; pour créer une culture de prévention des risques (en particulier psychosociaux), ne faut-il pas sensibiliser les futurs professionnels, en l’occurrence les élèves et les étudiants ? Ceci est d’ailleurs cohérent avec l’approche amont prônée en prévention.

En 2007, une conférence réunissant les partenaires sociaux soulignait le besoin de former les managers et les ingénieurs à l’amélioration des conditions de travail. Suite à cette conférence, le Pr. William Dab a été chargé par les ministres respectifs de l’Enseignement supérieur et du Travail d’une mission d’évaluation de la formation initiale des ingénieurs et managers en santé au travail.

Depuis plusieurs années, l’INRS (voir encadré de présentation) développait des actions en direction des acteurs de la formation initiale, afin de contribuer à l’intégration de compétences en santé/sécurité au travail dans différents cursus. Des expériences étaient menées dans certaines écoles d’architecture sur la conception des lieux de travail, prenant en compte la prévention des risques. Une action engagée par l’INRS et des experts du réseau Prévention de l’assurance maladie auprès des écoles d’ingénieurs, menée en mode projet, visait à établir des relations, inciter les écoles à développer des enseignements en santé et sécurité au travail, et les accompagner dans leurs démarches pédagogiques.

Ainsi, l’INRS et l’Assurance Maladie ont établi en coopération avec l’Education nationale un référentiel intitulé « Bases essentielles en santé-sécurité au travail » (BESST), décrivant un ensemble de compétences minimales que devrait posséder toute personne en situation de management. Ce référentiel a été intégré par le rapport Dab et a également été adopté par la CTI (Commission des titres d’ingénieur) pour ses audits d’habilitation.

Suite au rapport Dab, les ministères compétents ont créé en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers et l’INRS un réseau de production de ressources pédagogiques : le Réseau francophone de formation en santé au travail (RFFST).

Poursuite des actions de formation initiale envers les futurs managers

En 2011, l’INRS a souhaité élargir son public en s’adressant aux établissements d’enseignement supérieur en management (écoles de commerce/gestion et IAE). Ceci a abouti aux actions suivantes :

  • Réalisation d’une étude prospective : menée auprès d’une centaine d’établissements (dont les écoles membres de la CGE) : elle avait pour but de réaliser un état des lieux des enseignements existants et en projet. Ses résultats seront rendus publics à l’automne 2011. Cette étude complète un précédent recensement réalisé en 2008 auprès des écoles d’ingénieurs et de leurs jeunes diplômés.
  • Identification des ressources proposées par l’INRS (brochures et DVD) à l’appui d’activités pédagogiques pour les écoles et IAE.

En 2012, des rencontres pédagogiques seront organisées en régions afin de mettre en valeur des retours d’expérience et d’échanger autour de pratiques pédagogiques sur la prévention des risques professionnels. Deux écoles-témoins membres de la CGE, Arts et Métiers ParisTech et Grenoble Ecole de Management, seront suivies dans le cadre du 2ème Plan Santé au travail.

Un projet … ou des projets ? Intégrer la prévention des risques professionnels dans la formation initiale des futurs managers est un projet toujours en cours de déploiement. La diversité et l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur excluent toute approche standardisée. Dans chaque cas de figure, une démarche pédagogique adaptée doit être construite ; on peut dire que chaque établissement donne lieu à la création d’un prototype – ou que chaque démarche est un projet en soi. L’INRS et ses partenaires du réseau Prévention proposent un accompagnement pour créer une dynamique, en s’appuyant sur un référentiel de compétences validé ou pour compléter une démarche existante.

En savoir plus sur l’INRS

L’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles) constitue un pôle de compétences pluridisciplinaires sur la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, dont les missions sont :

* mieux identifier, connaître et faire connaître les dangers et les risques professionnels présents et futurs ;

* analyser leurs conséquences pour la sécurité, la santé et le bien-être de l’homme au travail ;

* concevoir, développer et évaluer les moyens de prévention des risques dans l’entreprise.

Référence en matière de prévention des risques professionnels, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des maladies professionnelles et des accidents du travail est une association loi 1901, créée en 1947 et dirigée par un conseil d’administration paritaire (employeurs et salariés). L’INRS, c’est aujourd’hui 635 personnes sur 2 centres : à Paris (215 personnes) et en Lorraine (420 personnes).

De l’acquisition de connaissances à leur diffusion en passant par leur transformation en solutions pratiques, l’Institut met à profit ses ressources pluridisciplinaires pour diffuser le plus largement possible une culture de prévention et proposer des outils méthodologiques et pratiques.

L’INRS déploie ses activités sur 4 métiers : la formation, l’information, l’assistance et les études et recherches dans le domaine de la prévention des risques professionnels.

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