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Il était une fois le plaisir d’apprendre et d’enseigner… ou comment éviter qu’un jour les professeurs ne soient remplacés par les robots

Il était une fois des professeurs dans l’Enseignement Supérieur qui souhaitaient redonner l’envie aux étudiants…
Publié le 1 juin 2017
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Il était une fois des professeurs dans l’Enseignement Supérieur qui souhaitaient redonner l’envie aux étudiants d’apprendre pour le plaisir, dans un environnement engageant et bienveillant. Ce début d’histoire n’est pas nouveau, alors pourquoi la réalité est-elle si différente ?

Des cours parfois déconnectés de la réalité qui ne motivent plus les étudiants, l’absence d’un droit à l’erreur, un absentéisme grandissant, un réflexe de contrôle et non de confiance, des sanctions si l’on discute en classe ou en amphi, une volonté de valider un diplôme et non d’apprendre. Bref, une perte de sens qui démotive à la fois l’étudiant mais aussi le professeur. A long terme, c’est la désertification des institutions qui peut être en jeu. «Si on ne voit pas la valeur ajoutée du présentiel sur le distanciel, un jour les professeurs seront remplacés par les moocs » nous prédit François Taddei.

L’enjeu actuel de la transformation de l’éducation n’est pas, comme on le suppose souvent, l’innovation technologique, mais bien de retrouver cette valeur ajoutée du face à face pour ne pas être, un jour, remplacé par des robots.

Il est même à parier que plus l’environnement sera digitalisé, plus le lieu de rencontre physique et le lien professeur/élèves et élèves/élèves sera au cœur des préoccupations. Car apprendre n’est pas accumuler une masse de connaissances mais interagir ensemble pour un épanouissement personnel et professionnel.

Comment retrouver la valeur ajoutée du face à face ?
Il n’y a pas de recette magique mais des ingrédients sont néanmoins déjà à notre disposition. Les 6 ingrédients proposés ici ont été expérimentés à SKEMA Business School depuis 2 ans auprès de 60 étudiants, dans un programme innovant appelé ID (Innovation Durable).

1. Construire des valeurs partagées. L’alignement de toutes les parties prenantes autour d’une vision commune a soudé les expériences pédagogiques du programme autour du sens et non d’une accumulation de matières. Une charte réalisée par le collectif d’étudiants a été une étape indispensable pour instaurer l’engagement et la confiance, nécessaire pour apprendre par plaisir et non par contrainte.
2. Ajuster en permanence. Evolutif, le cadre pédagogique est co-construit avec les étudiants pour une amélioration continue du dispositif.
3. Ouvrir les espaces d’apprentissage. Dans le programme 40% du temps est « hors de l’école » tandis que 60% est dans un lieu décloisonné où l’entreprise, les étudiants, les institutions, les professeurs discutent librement et informellement. « L’école ne doit plus être un conservatoire des connaissances mais des incubateurs » pour Nicole Rege Colet.
4. Rendre les acteurs autonomes. Le programme ID est auto-organisé et autocontrôlé par les étudiants. Cela aboutit à une grande autonomisation sur la gestion des tâches et des livrables ainsi que sur le système de gouvernance de la classe. Les étudiants autofinancent leurs actions terrain par du crowdfunding, ils créent leurs propres processus interne (gestion des absences, de l’efficience des équipes, création de leurs outils d’intelligence collective pour mieux communiquer).
5. Inverser le sens de la hiérarchie. Le professeur est un facilitateur des interactions, ajustant les consignes collectives, créant les conditions pour apprendre. Il n’est plus un transmetteur de connaissance mais un catalyseur de sens.
6. Oublier la technologie dans un premier temps. Elle viendra en support et facilitation en temps voulu.

Le résultat est un programme détonant, qui connaît peu d’absence, une motivation étudiante à toute épreuve et rencontre 100% de satisfaction. Les 6 ingrédients sont bien connus du monde économique qui vit une transformation radicale avec les entreprises libérées. Le concept serait-il en train d’apparaitre dans le monde éducatif avec l’avènement des classes libérées (Ciussi, 2017) où l’interaction spontanée et synchrone dans laquelle seul l’humain peut s’adapter et rebondir, serait l’une des grandes valeurs ajoutées des professeurs ?

Mélanie Ciussi
professeure
SKEMA Business School

A propos de Mélanie Ciussi

Docteur en Science de l’Education, Mélanie Ciussi est professeure en Knowledge Management & technologies digitales à SKEMA Business School – UCA. Spécialiste dans les modes d’innovation pédagogiques et mobiles, elle a notamment remporté le prix ARTS d’Apple en 2011 (programme de soutien à la recherche). Elle a également dirigé un projet de recherche sur les serious games pour le Ministère de la Recherche pendant 2 ans. Dernier livre : Moocs and Flip, what’s really changing, ACPI, 2015.

A propos de SKEMA Business School

Avec plus de 7500 étudiants et 37 000 diplômés, SKEMA Business School est une école globale qui, par sa recherche, ses programmes d’enseignement, sa structure multi sites internationale forme et éduque les talents dont ont besoin les entreprises du XXIe siècle. Désormais, l’école est présente sur 6 sites : 3 en France (Lille, Sophia-Antipolis, Paris), 1 en Chine (Suzhou), 1 aux Etats- Unis (Raleigh) et 1 au Brésil (Belo Horizonte). SKEMA est accréditée EQUIS AACSB et AMBA.

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