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Les CPGE : un modèle de référence

Dans un système national d’enseignement qui doit impérativement se réformer sous la pression internationale, force…
Publié le 22 juin 2015
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Dans un système national d’enseignement qui doit impérativement se réformer sous la pression internationale, force est de constater que la filière CPGE/GE reste l’une des filières d’excellence de notre pays, largement reconnue à l’étranger comme le démontre ses succès répétés à l’international.

Les CPGE, non pas simple préparation aux concours mais première partie d’une formation intégrée de cinq ans menant directement au grade de master, y jouent un rôle essentiel par leurs qualités elles aussi largement reconnues :
• encadrement serré et s’adaptant à chaque élève,
• haut niveau d’exigence leur permettant d’acquérir une méthode de travail qu’en règle générale, le secondaire ne leur a pas donnée,
• cohérence nationale et excellent maillage territorial conduisant à une forte ouverture sociale (plus de 29 % de boursiers dans les CPGE publiques).

Les bacheliers ne s’y trompent pas qui continuent à choisir massivement les filières sélectives et en particulier les CPGE, parce que ces dernières conduisent dans la quasi-totalité des cas au grade de master et à l’emploi, argument décisif dans un pays où le chômage continue d’augmenter.
D’autant que les CPGE poursuivent leur évolution en accord avec les attentes de la société, le dernier exemple en étant l’introduction de l’informatique en tant que discipline à part entière dans toutes les filières scientifiques.
On peut dès lors comprendre que la Loi du 22 juillet 2013, dite « Loi Fioraso », concerne essentiellement le dispositif universitaire et peu, du moins de façon directe, cette filière qui représente pourtant une partie essentielle du dispositif national (15 % des étudiants du supérieur mais plus de 40 % des grades de master délivrés en France).

Pour les CPGE, elle modifie cependant l’environnement sur deux points :
• Relations conventionnelles impératives avec les établissements universitaires

  • Obligation pour chaque lycée à classes préparatoires de signer une convention avec un EPCSCP de son Académie, cette convention détaillant les services que l’EPCSCP propose aux élèves de CPGE,
  • Obligation pour des élèves de CPGE de s’inscrire et de payer des frais d’inscription dans cet EPCSCP (qui dès lors ne peut être qu’un établissement délivrant des diplômes nationaux de premier cycle, donc une Université ou une COMUE) ;

• Priorité d’accès aux CPGE des meilleurs élèves de terminale (les élèves classés dans les premiers 10 %) quel que soit leur lycée d’origine.
Que penser de ces évolutions ? Dans la réalité, elles vont avoir peu de conséquences :
• Partout où un accord est vraiment nécessaire entre un lycée à classes préparatoires et un EPCSCP (cas des filières littéraires notamment), ces accords existent depuis longtemps et fonctionnent ;
• Pour les autres filières, il est clair que les élèves de CPGE n’auront guère le temps de fréquenter l’EPCSCP conventionné, car ils mettront la priorité sur leurs études en CPGE, sachant qu’elles les conduisent à l’emploi ;
• Enfin, les chiffres démontrent que les bacheliers classés dans les premiers 10 % de leur lycée, y compris les boursiers, n’hésitent pas dès maintenant à demander dans APB une admission en CPGE.
Pourtant, la vigilance s’impose :
• La tendance indiquée par la Loi au rapprochement des CPGE et du système universitaire, si elle est comprise et acceptée par la communauté des CPGE et des Ecoles, doit cependant respecter rigoureusement la position d’interface des CPGE entre le secondaire et le supérieur, pertinente et efficace! Il serait paradoxal de perturber cet équilibre au moment même où l’Etat veut développer le segment dit « -3/+3 » pour améliorer la transition du lycée vers le supérieur, auquel les bacheliers continuent d’être mal préparés.
• Plus inquiétante est la tendance à laisser de plus en plus d’initiatives locales aux Recteurs, mettant en péril la cohérence nationale du dispositif des CPGE. Ainsi, les décisions d’ouverture/fermeture de classes doivent faire l’objet d’un dispositif national de concertation associant toutes les parties prenantes.
• Pour les filières scientifiques, alarmantes sont les conséquences de la réforme du lycée qui donnent notamment aux bacheliers une idée très vague de ce qu’est la physique et a rompu la relation entre sciences physiques et mathématiques.
• Enfin, il est essentiel de continuer de soutenir les CPGE, et en particulier les enseignants, dans leur volonté de progrès au service de nos futurs élèves.

Vigilance, donc, mais surtout vigilance de tous, y compris des Ecoles en cinq ans et des Ecoles recrutant sur d’autres dispositifs que les CPGE ! Chaque fois que les CPGE progressent et sont confortées, c’est l’ensemble du dispositif CPGE/GE qui progresse.
Parce que, implantées dans les lycées, les CPGE sont notre référence et notre racine, à la fois historique et territoriale.
Parce que nos filières, et en particulier la filière CPGE/GE, forment plus que jamais le gros bataillon de ce dont notre pays a un besoin impératif : des cadres performants, des entrepreneurs audacieux et des scientifiques de haut niveau.


Hervé Biausser
Président de la commission Amont

A propos d’Hervé Biausser

Né en février 1951, Hervé Biausser est diplômé de l’Ecole des Arts et Manufacture (Ecole Centrale Paris), promotion 1973, en sciences économique.
A sa sortie de l’école, il entre à l‘Institut de Recherche de la Sidérurgie (Centre de Recherche du groupe Usinor) où, après la préparation d’une thèse et une carrière d’ingénieur de recherche, il prend en 1990 la direction du département Métallurgie mécanique.
Hervé Biausser intègre l’Ecole Centrale Paris en 1995 (où il enseigne depuis 1988), en qualité de professeur de sciences générales et industrielles. Il occupe successivement les fonctions de directeur de l’option Science et Génie des Matériaux, de directeur du Laboratoire d’Élaboration des Matériaux (1998), avant d’être nommé directeur de la Recherche, de l’École Doctorale et de Centrale Recherche SA (2001).
De septembre 2003 à décembre 2014, Hervé Biausser est directeur de l’Ecole Centrale Paris. En parallèle, Il occupe la fonction de directeur général de l’Ecole Supérieur d’Electricité (Supélec) de septembre 2013 à décembre 2014. Le 1er janvier 2015, il est nommé Directeur de CentraleSupélec.
Hervé Biausser occupe également les mandats de vice-président de la Conférence des Grandes Ecoles, de président de la Commission Amont de la Conférence des Grandes Écoles et de président du Groupe des Écoles Centrales.
Depuis 2005, il est co-président de l’Ecole Centrale de Pékin (Chine), depuis 2014 vice-président de Mahindra Ecole Centrale (Inde) et vice-président de l’Ecole Centrale Casablanca (Maroc).
De 2012 à 2014, Hervé Biausser a occupé les fonctions de président du réseau T.I.M.E. (Top Industrial Managers for Europe).
Hervé Biausser est Officier de la Légion d’Honneur et Officier de l’Ordre national du Mérite.

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