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Mathématiques et Management : y a-t-il aujourd’hui un intérêt pour le futur dirigeant à se former aux mathématiques ?

A l’heure des nouvelles technologies où les savoirs semblent de plus en plus parcellisés tout…
Publié le 22 juin 2015
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A l’heure des nouvelles technologies où les savoirs semblent de plus en plus parcellisés tout en devenant accessibles au plus grand nombre, y a-t-il aujourd’hui un intérêt pour le futur dirigeant à se former aux mathématiques ?

On pense bien sûr tout de suite à la finance, qui fait un usage intensif des mathématiques, et à la comptabilité, construite sur la base de calculs, qui assurent aujourd’hui comme hier les conditions d’existence des entreprises. Cependant, l’importance des mathématiques pour les firmes va bien au-delà de ces deux exemples.

Lorsque l’on accède à des niveaux de l’entreprise plus macroscopiques et stratégiques, en allant de la gestion des opérations vers l’optimisation de l’organisation industrielle, les mathématiques ne disparaissent pas. Ce sont des outils souvent différents de deux utilisés en finance qui sont alors requis, mais pas toujours : par exemple, le contrôle stochastique admet un très large champ d’application dans le cadre de la gestion.

Comme l’indique la devise des actuaires anglais: certum ex incertis (le certain tiré de l’incertain), la maitrise des mathématiques peut contribuer (certes parmi d’autres éléments) à réduire l’incertitude à laquelle sont confrontées les entreprises. C’est cette même incertitude qui intéresse les chercheurs en économie et gestion depuis les travaux de Knight et de Keynes et qui est au cœur de l’activité de l’entrepreneur. Après tout, l’entrepreneur n’est-il pas un virtuose qui excelle à évoluer en environnement incertain ? Ainsi, ce n’est peut-être pas un hasard si de nombreux entrepreneurs ont été formés aux mathématiques, même quand bien sûr ils n’en font plus un usage direct.
En dehors de la partition usuelle des sciences de gestion, est en train d’apparaitre un nouvel instrument utile pour les dirigeants – l’Enterprise Risk Management (ERM) – qui a été construit par les assureurs mais s’applique à tout type d’activité industrielle ou de service. L’ERM vise à catégoriser l’ensemble des risques stratégiques, financiers et opérationnels qui affectent les entreprises, à quantifier et à qualifier ces risques, puis à en permettre la gestion. Il s’agit d’un remarquable exemple où mathématiques et management sont intriqués de manière extrêmement fine. On notera aussi au passage qu’entrepreneuriat et gestion des risques sont les deux faces d’une même médaille, qui est celle du succès de l’organisation.

Un pan entier de l’activité de nos sociétés relève aujourd’hui du Big Data. Ce concept n’est pas étranger à une forme traditionnelle du marketing visant à tirer des lois à partir de larges bases de données. Ce qui a changé aujourd’hui c’est la taille des bases de données et le nombre important d’applications qui en sont faites. Il serait illusoire de vouloir gérer la complexité, et notamment la complexité produite par le Big Data, en se passant de toute forme de mathématisation.

En fait, et comme les exemples traités plus haut l’esquissent, le concept clef est celui de formalisation. Ainsi par exemple, il est plus pertinent de distinguer entre finance formalisée et finance non formalisée qu’entre finance de marché et finance d’entreprise. Pouvoir formaliser un problème (au sens large) et définir le champ de ses hypothèses est une condition importante avant d’espérer pouvoir le résoudre et auditer ses résultats.

 

Olivier Le Courtois
Professeur de finance et d’assurance à EMLYON Business School
et Directeur du centre d’analyse des risques financiers (CEFRA)



A propos d’Olivier Le Courtois

Olivier Le Courtois est professeur de finance et d’assurance à EMLYON Business School et directeur du centre d’analyse des risques financiers (CEFRA). Auteur d’articles et d’ouvrages utilisant les mathématiques pour résoudre des problématiques économiques et de gestion, il est par ailleurs membre du jury d’agrégation de mathématiques.

À propos d¹EMLYON Business School

Fondée en 1872
N°14 classement des 80 meilleures business schools européennes du Financial Times (déc. 2014)
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3 300 étudiants dont 40% d¹internationaux
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26 000 diplômés dans 107 pays
5 campus : Lyon ­ Paris – Saint Etienne ­ Shanghai – Casablanca
5 500 participants en formation continue chaque année
triple accréditation AACSB ­ EQUIS ­AMBA
www.em-lyon.com – @EMLYON

Présentation du CEFRA :

L¹analyse du risque, notamment financier, est le sujet privilégié des chercheurs du CEntre for Financial Risks Analysis (CEFRA), dont l¹objectif est de stimuler les échanges entre finance d¹entreprise, finance de marché, assurance et management du risque. Avec ce centre de recherche, EMLYON affiche deux convictions : la compréhension et l¹appréhension du risque (notamment le risque financier, mais pas uniquement) sont au c¦ur de la dynamique entrepreneuriale ; la relation de l¹entrepreneur au risque (notamment le risque financier, mais pas uniquement) varie selon les systèmes institutionnels.

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