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Place et rôle des sciences humaines et sociales dans les formations d’ingénieur : une question d’une particulière acuité

Par Patrick Obertelli Professeur à l’Ecole Centrale de Paris Chercheur au CRF-Cnam Expert Sciences Humaines…
Publié le 22 décembre 2014
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Par Patrick Obertelli
Professeur à l’Ecole Centrale de Paris
Chercheur au CRF-Cnam
Expert Sciences Humaines et Sociales auprès de la Commission des titres d’ingénieur (CTI).
Membre du Conseil d’Orientation de l’Observatoire des Think Tanks, et de celui de l’IFRASEC (Institut Français de la Sécurité Civile).
ECP, Ingenium, CRF-Cnam

Considérer la place et le rôle des sciences humaines et sociales dans les formations d’ingénieur nécessite d’abord de situer des composantes principales du contexte social et sociétal actuel. Seront ensuite décrites les grandes familles de formations développées dans les écoles d’ingénieurs.
Après cette partie sur l’existant, j’ouvrirai la réflexion aux questions de mise en œuvre, et je suggèrerai notamment trois pistes pour aider les futurs ingénieurs à faire face aux enjeux qui les attendent.

1. Le contexte social et sociétal actuel
Les écoles, ou les modèles des écoles, sont issues du 19° siècle. Or, depuis cette époque, les rôles des ingénieurs ont très largement évolué sous l’effet de plusieurs facteurs, et le conduisent à se positionner fortement dans la société. Les principaux facteurs qui ont conduit à cela sont :

– les évolutions des technologies, de leur place et de leurs effets sur la vie de chacun. Si à l’origine elles étaient surtout dédiées à des fonctions industrielles à l’intérieur des unités de production, l’appropriation technologique s’est répandue à la société qui les détourne pour des usages non initialement prévus.

– L’accroissement considérable des capacités des installations technologiques et des puissances énergétiques en jeu, avec pour corolaire le développement de niveaux de risques d’intensités jusqu’alors inégalées pour des activités civiles. L’accident de Fukushima est là pour en témoigner.

– Les enjeux de société actuels et futurs, que ce soit en matière d’environnement, de santé, de transport, d’énergie, d’économique, de communication, etc… . Les ressources sont limitées, et ce qui disparait, l’est de façon irréversible. Nous sommes donc dans une relation d’interdépendance où la biodiversité, mais aussi où la diversité des connaissances est essentielle.

– L’internationalisation des activités, la globalisation qui caractérise la modernité (pour reprendre Anthony Giddens), avec des relations complexes entre implications locales et interactions à distance.

Le développement des sciences humaines et sociales s’inscrit dans ce contexte. Mais avant de poursuivre, je souhaite rappeler deux trivialités : les SHS sont des sciences, elles concernent l’humain et le social.

Ce sont des sciences au même titre que les sciences de la nature ou les sciences logico – formelles. Une pluralité de disciplines scientifiques en constituent la base, toutes aussi exigeantes les unes que les autres. A ce titre, elles doivent être soutenues par un haut niveau de rigueur intellectuelle et donc par des recherches. En cela, elles rejoignent les autres disciplines. Un niveau médiocre, et a fortiori l’absence de recherches dans ce champ décrédibiliserait peu ou prou la formation aux yeux des élèves et altèrerait leur confiance dans la formation d’ensemble que dispense l’école.

Mais par ailleurs ce ne sont pas des disciplines comme les autres. Elles concernent l’homme, son être et son devenir. Michel Foucault, dans « Les mots et les choses » précise cela :
« L’homme pour les sciences humaines, ce n’est pas ce vivant qui a une forme bien particulière (une physiologie spéciale et une autonomie à peu près unique) ; c’est ce vivant qui de l’intérieur de la vie à laquelle il appartient de fond en comble et par laquelle il est traversé de tout son être, constitue des représentations grâce auxquelles il vit, et à partir desquelles il détient cette étrange capacité de pouvoir se représenter justement la vie ». Interroger le vivant n’est pas chose neutre ; penser l’homme et la société, c’est avoir des effets sur eux.

lire l’intégralité de la Communication de Patrick Obertelli

 

Patrick OBERTELLI est ctuellement :
Professeur à l’Ecole Centrale de Paris
Chercheur au CRF-Cnam
Expert Sciences Humaines et Sociales auprès de la Commission des titres d’ingénieur (Cti).
Membre du Conseil d’Orientation de l’Observatoire des Think Tanks, et de celui de l’IFRASEC (Institut Français de la Sécurité Civile).
Antérieurement :
1998-2013 : Directeur du département de Sciences Humaines et Sociales de l’Ecole Centrale Paris .
2008-2012 : Président de l’Association Ingenium, association regroupant des enseignants chercheurs de sciences humaines et sociales exerçant en écoles d’ingénieur.
Depuis 1987 : activités de consultation interne ou externe en entreprises.
Formation académique :
Docteur en psychologie, HDR en sociologie, Maîtrise de mathématiques.
www.ecp.fr

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