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Entretien avec Ellen MacArthur – L’économie circulaire au service du développement durable – et une sélection d’actualités DD dans les écoles

Ellen MacArthur s’est trouvée projetée à la une de l’actualité en 2001, s’octroyant la seconde…
Publié le 30 mai 2012
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Ellen MacArthur s’est trouvée projetée à la une de l’actualité en 2001, s’octroyant la seconde place du prestigieux Vendée Globe (tour du monde en solitaire sans escales) à l’âge de 24 ans. Enchaînant les exploits suite à ce fait d’armes fondateur ayant fait d’elle une icône sportive et médiatique, elle a notamment battu le record du tour du monde en solitaire en 2005.

Ellen a raccroché son ciré en 2010, afin de créer sa propre Fondation, une organisation indépendante ayant pour objectif d’inciter le jeune public et les entreprises à re-penser, concevoir et enfin construire un avenir positif à travers la vision de l’économie circulaire.

CGE : Votre fondation s’appuie sur l’économie circulaire pour repenser notre futur dans un monde aux ressources finies, pouvez-vous nous expliquer en quelques lignes ce qu’est l’économie circulaire ?

E.M. : C’est un concept qui prend tout son sens dans un contexte de fin des ressources et de l’énergie bon marché, ce qui a jusqu’ici soutenu la croissance économique. On voit bien que la volatilité des prix et la tendance haussière à long terme identifiée par les analystes modifient profondément la donne… En quelques mots, une économie circulaire est un modèle qui substitue le concept de “fin de vie” par celui de “réparation” ou de “compensation” ; il tend vers l’utilisation d’énergies renouvelables, cherche à éliminer les produits chimiques toxiques en favorisant une conception plus élaborée des produits, des matériaux, des systèmes, et plus généralement innove en matière de business models – notamment par le biais d’une économie de la fonctionnalité. Ce système cherche à éliminer la notion même de déchet, à optimiser les flux de matériaux : les produits techniques sont conçus dans la perspective de réintégrer un cycle à travers le démontage et le réemploi. De l’autre côté on trouve les matériaux biologiques, qui sont au pire non toxiques et au mieux bénéfiques et peuvent retourner à la biosphère sans dommage, soit directement soit après une succession (ou cascade) d’utilisations diverses. Cette présentation est un peu schématique, mais les fondamentaux sont là !

CGE : De nombreuses voix s’élèvent depuis quelques années pour dire que les crises économiques que nos pays dits développés traversent, correspondent à une crise des valeurs. Pouvez-vous nous dire quelles valeurs sont les vôtres et en quoi elles se retrouvent dans l’économie circulaire ?

E.M. : Je suis personnellement pragmatique et j’aurais tendance à chercher des solutions plutôt qu’à m’apesantir sur les causes des blocages. Mais il nous semble, à la Fondation, que le système linéaire hérité de la révolution industrielle n’est plus adapté à la réalité dans laquelle il opère, d’où notre volonté de proposer un modèle capable de fonctionner à long terme. Ce qui s’impose est un changement de logiciel et cela implique un recours à la créativité, à la détermination et à la conviction qu’une grande transformation est possible. Ce qui, soit dit en passant, sont des valeurs grâce auxquelles j’ai toujours avancé. Une transition vers l’économie circulaire suppose beaucoup d’innovation – tant au niveau des matériaux, du design ou encore des business models – et une vraie volonté de changer les choses ; pour cela, il est impératif d’offrir des perspectives positives, de faire comprendre aux jeunes générations que leur potentiel doit être mis à contribution. Soit l’inverse de ce que les messages réductionnistes et culpabilisants traditionnels ont fait depuis de nombreuses années…

CGE : Votre fondation a-t-elle établi un dialogue avec le secteur de la finance ? Si oui, pouvez-vous nous dire de quelle façon il reçoit votre discours ? Si non, que comptez-vous faire ?

E.M. : Pour être franche, c’est une question que nous commençons tout juste à aborder. La Fondation n’a pas encore deux ans d’existence et nous tâchons d’avoir une approche graduelle et informée. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons dans notre conseil d’experts indépendants un représentant du secteur bancaire, par ailleurs impliqué dans l’éducation supérieure puisqu’il est un des acteurs du programme de développement durable de l’Université de Cambridge. Les questions financières sont naturellement cruciales et nous avons l’intention d’établir des contacts avec cet univers ; nous sommes dans une démarche systémique, cela n’aurait aucun sens de faire l’impasse sur un pan si important de l’économie.

CGE : L’éducation est la priorité de votre Fondation, quel rôle doit, selon vous, jouer l’enseignement supérieur vis-à-vis de l’économie circulaire ? Que propose votre Fondation pour accompagner les établissements d’enseignement supérieur dans ce cadre ?

E.M. : Je pense qu’il s’agit d’un double rôle : tout autant que de parler de compétences spécifiques et de programmes concrets, l’éducation supérieure doit ouvrir aux nouveaux paradigmes, à cette nouvelle façon de penser l’économie qu’impose le modèle circulaire. Cela peut sembler évident, mais se défaire des réflexes conventionnels et des modes de fonctionnement qui ont prévalu depuis le XIXe siècle n’est pas si simple. Quant à l’enseignement lui-même, il doit évoluer tant sur le fond que sur la forme : l’éducation supérieure est un facteur clé, car elle a une certaine latitude tout en étant stratégiquement placée, puisqu’elle forme des acteurs qui seront en place dans un avenir très proche. C’est la dernière étape avant l’entrée dans le monde professionnel et si l’on souhaite avoir un impact rapide, il est impératif de collaborer avec les grandes écoles et les universités. Ce que nous proposons, ce sont des ressources pédagogiques en accès libre (vidéos d’experts, études de cas etc…) dans un premier temps. Nous développons par ailleurs un réseau international d’institutions d’éducation supérieure pour échanger sur ce thème de l’économie circulaire, concevoir des programmes, faire avancer la recherche. Un très grand nombre de disciplines sont concernées – de la chimie à la logistique en passant par le design – et la collaboration entre secteurs est fondamentale. Enfin, le rapport économique que nous avons publié avec l’appui du cabinet McKinsey constitue une précieuse mine de sujets à explorer pour le monde de l’enseignement supérieur, et plusieurs écoles s’en inspirent déjà pour façonner leurs programmes… Je terminerai en indiquant que la Fondation a lancé, avec l’Université de Bradford, le premier post-graduate certificate en économie circulaire, qui a débuté en septembre dernier.

Propos recueillis par Gérald Majou de La Debutrie
Chargé de mission développement durable

Actualités DD dans les écoles

Le jeudi 5 avril se sont déroulés à l’ESC Toulouse les assises nationales étudiantes du développement durable. Portés par les étudiants du Bureau Du Développement Durable (B3D) de l’ESC Toulouse, soutenue par le REFEDD et avec pour partenaire le groupe LaPoste et GRDF, cette sixième édition a permis de mettre à l’honneur l’innovation au service du développement durable notamment par l’organisation de concours récompensant des projets étudiants. Pour en savoir plus

La série Les énergivOres est un moyen idéal pour aborder avec les élèves les problématiques d’énergie et de développement durable. Ces 20 programmes courts animés d’1’30’’ traitent sur le mode de l’humour la façon dont nous consommons l’énergie. Ils sont produits par le CRDP de Franche-Comté, avec le soutien de l’Ademe, de la Région Franche-Comté et de l’Union européenne, dans le cadre du programme Pactes Energie.Les énergivOres sont sur internet et sur Facebook

Le CNAM a initié une série de conférences nommées les Jeudis de l’environnement, jeudi 10 mai de 18h30 à 20h amphi Abbé-Grégoire, 292 rue Saint-Martin, Paris IIIe, le thème sera : Ville compacte – Ville durable. Entrée libre, dans la limite des places disponibles. Pour en savoir plus

IÉSEG Network et la Fondation IMMOCHAN initiateurs du Prix Créenso (Concours visant à récompenser les créateurs d’une entreprise sociale), ont amené l’ensemble de la communauté IéSEG à se mobiliser autour de ce Prix et de son fondement : développer un réseau solidaire de mécénat de compétences. Pour en savoir plus

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