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La prise de conscience des limites de notre modèle économique s’est accélérée récemment

Urgence déclarée. Prévisions alarmistes.  Les chiffres sur les risques climatiques sont connus et peu optimistes…
Publié le 28 août 2019
La prise de conscience des limites de notre modèle économique s’est accélérée récemment
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Urgence déclarée. Prévisions alarmistes. 

Les chiffres sur les risques climatiques sont connus et peu optimistes : “le réchauffement principalement est causé par une augmentation rapide des gaz à effet de serre dans l’atmosphère en particulier du gaz carbonique issu des combustibles fossiles (pétrole, charbon, et gaz) et du méthane[1] , ce qui provoque une fonte accélérée des glaciers polaires, une perte de la biodiversité (6ème extinction de masse des espèces animales) jusqu’à la mise en péril de notre civilisation (la moyenne à +2°C mentionnée par le GIEC équivaut à +5°C sur les continents soit ¾ de l’humanité en péril vital[2]). La raison en est aussi connue : l’activité humaine qui fait perdurer un modèle économique basé sur la croissance infinie dans un monde fini. Toujours plus d’extraction et transformation de ressources naturelles, de production de biens, de consommation, de déchets et in fine de pollution (de l’eau, du sol, de l’air) qui aggrave le réchauffement. Ce modèle économique qui puise ses origines dès la première révolution industrielle (fin du 18è siècle) constitue le fondement de notre société actuelle. Il est, à juste titre, enseigné dans les universités et écoles comme étant la référence de notre économie moderne.

Pourtant, aujourd’hui, ce modèle est largement remis en cause. La prise de conscience de ses limites s’est accélérée récemment. Les étudiants se rebellent (grèves pour le climat, manifeste étudiant pour un réveil écologique). Et les écoles de commerce, d’ingénieurs et les universités veulent s’adapter et agir.

 

La tension réside dans le rythme d’adaptation, variable selon les écoles et universités. Trop lents diront certains, trop anecdotiques diront d’autres, la remise en cause des modèles enseignés et l’obsolescence des Savoirs qui en résulte sont au coeur de la question. Loin de l’ajout morcelé d’un cours de RSE et de développement durable, il s’agit d’infuser dans tous les enseignements la durabilité des modèles (économiques, sociaux, politiques, environnementaux etc.) mais aussi de promouvoir des compétences clés à développer dans ce contexte d’urgence climatique (résilience, créativité, navigation dans l’incertain, connaissance de soi etc.).

Mais ce changement est important. Il touche au programme pédagogique, aux contenus enseignés et aux compétences des enseignants. Les enseignants doivent être en capacité de porter de nouveaux ou plutôt de très anciens paradigmes (respect de l’Homme et de la nature à tout prix, résilience des systèmes, sobriété de production et de consommation en ressources restreintes…).

Toutefois, certains outsiders portent la transformation de leurs programmes en ce sens : Stockholm School of Economics vient d’ouvrir un module transversal et transdisciplinaire sur la durabilité à grande échelle, SKEMA Business School propose depuis quatre ans un programme de L3 pionnier, le « programme ID » qui se définit comme une école de vie pour jeunes innovateurs transformateurs en capacité de porter la transformation durable de leur environnement. Des initiatives étudiantes voient également le jour comme la COP1 Etudiante.

 

La COP1 Etudiante : Questionner la société et les systèmes actuels

Initiée par une trentaine d’étudiants du programme ID, la COP1 Étudiante est devenue un événement inter-écoles composé d’une quarantaine de personnes venant d’écoles, d’universités et d’associations de tous horizons.  Elle aura lieu du 5 au 6 octobre 2019 à la Cité Fertile à Paris pour des milliers d’étudiants avec trois objectifs principaux :

  • Questionner la société en profondeur (S. Latouche, l’un des pères des théories de la décroissance sera présent avec des anthropologues, climatologues, chercheurs et associations étudiantes engagées)
  • Mieux se connaître pour mieux agir (ateliers d’identification de ses talents et de sa contribution sociale)
  • Et enfin créer des synergies d’action (cercles d’engagement).

 

En conclusion, certaines initiatives existent du côté des établissements d’enseignement supérieur pour accompagner la transition et éveiller les consciences au besoin de transformation imminent des systèmes. L’enjeu principal est désormais la question de la rapidité du déploiement à grande échelle devant l’urgence climatique et les prévisions sombres notamment portées par les collapsologues comme P. Servigne et tant d’autres. Serons-nous assez agiles à temps ?

 

Mélanie Ciussi
professeure en Gestion des connaissances et Innovation, SKEMA Business School

 

[1]  Alain Mazaud chercheur au laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement LSCE-IPSL (CEA-CNRS-UVSQ)

[2] Fred Vargas, L’Humanité en péril, virons de bord, toute ! Flammarion, 2019

 

A propos de Mélanie Ciussi

Docteure en Sciences de l’Éducation, Mélanie Ciussi est professeure en Gestion des connaissances et Innovation à SKEMA Business School. Depuis 4 ans, elle a fondé et co-dirige des programmes disruptifs comme le programme ID à SKEMA sur l’innovation durable et la créativité ou encore le programme INVENT à l’Université Côte d’Azur sur l’innovation sociétale et l’entrepreneuriat étudiant. Chercheur au laboratoire LINE sur la co-créativité, elle a également dirigé un projet de recherche sur les serious games pour l’éducation à la citoyenneté pour le Ministère de la Recherche pendant 2 ans. Auparavant, elle était chargée du e-learning sur le campus de Sophia Antipolis pendant cinq années, et Directeur adjoint du Personnel pour Marks & Spencer en Ecosse et Belgique.

 

A propos de SKEMA Business School

Avec 8 500 étudiants de 120 nationalités et 42 000 diplômés présents dans 145 pays, SKEMA Business School est une école globale qui, par sa recherche, ses 50 programmes d’enseignement, sa structure multi-site internationale, forme et éduque les talents dont ont besoin les entreprises du XXIe siècle. Désormais, l’école est présente sur 7 sites : 3 campus en France (Lille, Sophia-Antipolis, Paris), 1 en Chine (Suzhou), 1 aux Etats- Unis (Raleigh), 1 au Brésil (Belo Horizonte) et 1 en Afrique du Sud (Le Cap). En décembre 2018, l’école a annoncé la création aux Etats-Unis et en France de SKEMA GLOBAL LAB in Augmented Intelligence, son laboratoire de recherche en intelligence augmentée.

SKEMA bénéficie de la triple accréditation EQUIS, AACSB et AMBA. www.skema-bs.fr. Suivez-nous sur twitter : @SKEMA_BS

 

 

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