Accueil 5 DDRS 5 Transformer l’approche énergétique française requiert des compétences originales

Transformer l’approche énergétique française requiert des compétences originales

La question du réchauffement climatique englobe de nombreux domaines : logement, transport, agriculture, énergie, industrie, biodiversité……
Publié le 26 août 2019
Partager l'article avec votre réseau

La question du réchauffement climatique englobe de nombreux domaines : logement, transport, agriculture, énergie, industrie, biodiversité… Le CEA1, et l’INSTN2, établissement d’enseignement supérieur adossé à la recherche pratiquée au CEA et membre de la CGE se sont saisis de la question du point de vue énergétique. Intervention croisée de Philippe Stohr et Eric Gadet.

 

P.S. : Aborder la transition énergétique renvoie à un double défi ! D’une part l’urgence climatique ; le dernier rapport du GIEC est sans appel : la neutralité carbone doit être atteinte à l’horizon 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Et d’autre part la consommation énergétique, qui selon les projections de l’AIE sera en hausse de 75% au niveau mondial à l’horizon 2050. Nous travaillons au CEA sur des technologies qui permettent une production d’énergie bas carbone, une optimisation du transport de l’énergie et des réseaux, des procédés moins énergivores, et la « fermeture du cycle du carbone » pour réutiliser le carbone et produire par exemple des carburants de synthèse… Mais au-delà des technologies, il est important d’appréhender la question de manière globale, en abordant le système énergétique aussi dans ses dimensions économique,  géopolitique et sociétale. Car il faut conserver à la France une souveraineté énergétique, proposer un accès à l’énergie satisfaisant pour les citoyens et l’industrie et accompagner les changements dans les usages.

E.G. : L’INSTN a bien pris conscience de la nécessité d’une approche systémique de l’énergie. Aussi nous sommes impliqués dans plusieurs masters, en association avec des partenaires académiques, qui forment chaque année une centaine d’étudiants : le Master Economie de l’énergie (EEET)3 qui propose une approche globale des systèmes énergétiques associée à une vision économique, le Master Management de la technologie et de l’innovation (MTI)4 ou encore le Master Droit et gouvernance des énergies (DGE)5. Depuis 30 ans, le MTI, donne à des étudiants de tous horizons une approche économique, prospective et culturelle de l’innovation qui permet son transfert vers l’industrie. Les étudiants du MTI réalisent des études en entreprise, et on observe dans ce cadre une montée en puissance des sujets liés à la transition énergétique.
En 2018, une chaire industrielle de recherche et d’enseignement6 sur les procédés économes en énergie a été créé avec pour objectif d’intégrer à la fois la composante technique, numérique et industrielle dans le choix des procédés de fabrication de nouveaux matériaux et de diffuser cette approche dans les apprentissages de notre master Matériaux pour l’énergie et les transports (MET)7.

P.S. : Si on imagine un système énergétique bas carbone qui associerait la production d’énergie, y compris pour la mobilité, la gestion de la demande et l’intégration des systèmes énergétiques, ainsi qu’une économie circulaire des matières, on s’aperçoit que les recherches du CEA couvrent une très grande partie des briques technologiques : du nucléaire au carburant de synthèse, en passant par le solaire, la production d’hydrogène, les procédés de fabrication et de recyclage des matériaux ou l’intelligence artificielle pour le pilotage… Mais il nous faut gérer l’interface entre ces briques. J’ai l’habitude de dire qu’il nous faut transformer les briques technologiques en pièces de puzzle pour qu’elles puissent bien s’assembler.
Notamment un enjeu fort pour un mix énergétique plus varié associant nucléaire et énergies renouvelables comme le souhaite le gouvernement sera d’intégrer le numérique dans les approches : plus de simulation, d’intelligence artificielle, de réalité virtuelle… C’est en cours dans l’industrie, la recherche….

E.G. : … et l’enseignement. À titre d’exemple, à la rentrée 2019, nos étudiants ingénieurs spécialisés en génie atomique seront les premiers au monde à réaliser des TP sur un réacteur en réalité virtuelle. Cette toute nouvelle plateforme pédagogique, réalisée avec les chercheurs du CEA, associe un environnement en réalité virtuelle, des éléments physiques (un pupitre de commande, un « hall réacteur », des objets à manipuler), tout cela relié aux codes de simulation qui permettent de visualiser (en réalité virtuelle et sur les tableaux de commande) les réactions telles qu’elles se produisent dans un réacteur. Tout cela permet à nos élèves de découvrir la physique des réacteurs en manipulant, tout en ayant le droit à l’erreur. Cet exemple s’intègre dans un tout, mais il est à la fois symbolique de notre transition numérique et de la pertinence de l’appartenance de l’INSTN au CEA pour relever ces enjeux sociétaux.

 

Eric Gadet, directeur par interim de l’INSTN

Philippe Stohr, directeur de l’énergie nucléaire du CEA

 

1 Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives

2 Institut national des sciences et techniques nucléaires

3 En partenariat entre IFP School, Université Paris Ouest Nanterre, ENPC et l’Université Paris Saclay (INSTN, Centrale Supelec, Agro Paris Tech)

4 En partenariat entre l’Université Paris-Saclay (INSTN) et PSL (Université Paris-Dauphine, Mines ParisTech)

5 En partenariat avec l’université d’Aix-Marseille

6 La chaire IMPACT « Innovative Materials and Processes Accelerated through Computing Technologies » a été créée par l’INSTN, le CEA, le groupe Mécachrome, la start-up Dephis, avec le soutien de Framatome, Orano, Safran et NTU Singapor

7 En partenariat avec l’Université Paris-Sud et l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

A propos de Philippe Stohr

Ancien élève de l’École polytechnique, ingénieur des Ponts, Philippe Stohr est titulaire d’un DEA en sciences et techniques de l’environnement de l’université de Paris XII.
En 1998, il débute sa carrière au ministère de la Recherche et de la technologie. De 2000 à 2005, il est directeur général adjoint et directeur des projets à l’Andra. En 2006, il rejoint le groupe Dalkia, d’abord en France à la direction de la stratégie puis devient responsable du pôle électricité à la direction des marchés de l’énergie. Il est ensuite nommé directeur stratégie et développement de Dalkia en Allemagne. Fin 2011, il rejoint le groupe Fortum, successivement comme directeur France, puis comme vice-président « business développement et nouveaux marchés, division hydroélectricité & technologies » et depuis 2016, comme vice-président éolien.
En 2018, il est nommé directeur de l’énergie nucléaire du CEA.

 

A propos de Eric Gadet

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie et Physique à Bordeaux et titulaire d’un DESS Management « Certificat d’Aptitude à l’Administration des Entreprises » de l’IAE de Paris[1], Eric Gadet commence sa carrière au CEA, en novembre 1994, où il occupe différents postes tant fonctionnels qu’opérationnels aux seins des services des ressources humaines. En 2008, Eric Gadet quitte le CEA pour rejoindre le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) en tant que directeur des ressources humaines. Il réintègre le CEA en 2010 pour exercer la fonction de Directeur adjoint des ressources humaines et des relations sociales. En 2016, il est nommé Directeur des relations humaines de la Direction des applications militaires du CEA. Il rejoint l’INSTN en 2017 et en est le directeur par interim depuis octobre 2018.

[1] Institut d’Administration des Entreprises de Paris : https://www.iae-paris.com/iae-de-paris/bienvenue-iae-de-paris

 

A propos de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires

École de spécialisation dans le domaine des énergies, l’INSTN est un établissement d’enseignement supérieur et un organisme de formation continue. Depuis plus de 60 ans, l’INSTN délivre des enseignements et des formations de haute spécificité, professionnalisants, de l’opérateur à l’ingénieur.
L’INSTN est membre de la CGE depuis 2018. Sa reconnaissance internationale est notamment concrétisée par sa désignation comme «collaborating centre» de l’AIEA en France, depuis 2016.
L’INSTN est administré par le CEA et bénéficie des relations étroites entretenues avec tous les domaines de recherche qui y sont menés.

http://www-instn.cea.fr/

 

A propos du CEA
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) est un organisme public de recherche à caractère scientifique, technique et industriel (EPIC).​
Acteur majeur de la recherche, du développement et de l’innovation, le CEA intervient dans quatre domaines : la défense et la sécurité, les énergies bas carbone (nucléaire et renouvelables), la recherche technologique pour l’industrie et la recherche fondamentale (sciences de la matière et sciences de l​a vie). S’appuyant sur une capacité d’expertise reconnue, le CEA participe à la mise en place de projets de collaboration avec de nombreux partenaires académiques et industriels.

Partager l'article avec votre réseau
Loading...