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Energie et responsabilité : un enjeu de développement pour les nations

Depuis la révolution industrielle les sociétés humaines n’ont cessé de progresser dans la production et…
Publié le 30 juillet 2014
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Depuis la révolution industrielle les sociétés humaines n’ont cessé de progresser dans la production et la distribution d’une énergie, et son vecteur l’électricité, bon marché, de qualité régulière et source de rente pour ses opérateurs. Cette production est assise majoritairement sur le prélèvement et la dégradation de ressources fossiles d’origine organique ou minérale accumulées depuis des millions d’années dans les sous-sols terrestres. La première prise de conscience générale de la finitude de ces ressources date de la crise du pétrole en 1973, il y a quarante ans maintenant que nous savons que le choix, rationnel en son temps, du tout fossile ne pourra être celui des générations futures. En outre, si nous n’engageons pas rapidement la transition énergétique, les tensions sociales et géopolitiques que nous connaissons déjà en raison de la rareté et de la répartition inégale des ressources fossiles prendront de l’ampleur.

Deuxième constat, lui aussi largement partagé, la dégradation des ressources fossiles par combustion est en train de recréer les conditions de concentrations de CO2 dans l’atmosphère que la planète connaissait il y des millions d’années. Le problème, pour la vie, pour nos vies, n’est pas tant la concentration absolue en CO2 que la rapidité avec laquelle nous recréons ces conditions « initiales ». La planète et ses écosystèmes, dont nous sommes partie en tant qu’espèce humaine, sont des systèmes complexes et résilients lorsque l’on considère une échelle temporelle dont l’unité serait le millier d’années. Cette échelle « naturelle » n’est plus celle de sociétés humaines dont les activités croissent exponentiellement depuis les années 60. Les impacts induits ne sont plus absorbés et des changements radicaux d’équilibre (effet de seuil) sont à craindre, le dérèglement climatique en est la manifestation la plus visible, d’autres plus discrètes comme l’évolution du pH des océans n’en sont pas moins présentes.

Avons-nous su répondre aux défis énergétiques identifiés jusqu’alors ? La réponse est oui. Le modèle de développement dominant de nos sociétés a permis d’apporter des réponses aux défis sociaux, techniques et économiques liés à l’énergie. L’énergie est accessible à presque tous, son prix n’est pas encore un obstacle à l’activité individuelle et collective, son transport (voire son stockage) est maitrisé, sa qualité (intensité, débit..) est régulière, les opérateurs énergétiques ont les moyens de développer, déployer et maintenir les technologies nécessaires à sa production et sa distribution. Enfin les états maintiennent, non sans difficultés politiques (cf Ukraine), la sécurité de leurs approvisionnements énergétiques.

Cette situation va-t-elle perdurer ? La réponse est loin d’être aussi affirmative, les éléments rappelés précédemment sont révélateurs de tendances de fond qui ne peuvent être ignorées en se reposant uniquement sur nos capacités d’innovations technologiques. De plus il n’est pas question de se passer d’énergie car elle permet à un être ou un objet de se constituer dans sa forme propre (elle informe) : elle est propre à la vie et est à la source de notre développement.

Nous n’avons donc pas d’autres choix que d’ajouter une quatrième responsabilité aux responsabilités sociales, techniques et économiques « classiques »: la responsabilité environnementale. Cette extension de notre référentiel de responsabilité redéfinit notre rapport au monde, dans cette nouvelle réalité le déterminisme cartésien est rongé par l’incertitude inhérente aux systèmes complexes et l’espèce humaine est partie prenante de l’histoire planétaire du vivant. La réponse que nous cherchons à donner aux défis énergétiques actuels et futurs n’en est que plus complexe. Les modélisations déterministes ne sont plus satisfaisantes, ce nouveau référentiel nous engage à produire des scénarios prospectifs, sortes d’arborescence des futurs possibles et souhaitables pour l’énergie au service du développement. Le périmètre habituel de nos responsabilités est bouleversé : la référence spatiale n’est plus seulement l’enceinte du bureau dans lequel nous travaillons mais le territoire et la planète, la référence temporelle n’est plus uniquement la durée moyenne d’une vie humaine ou d’un mandat électoral mais les générations futures et la durée des grands cycles naturels. Ainsi prises ensemble, ces quatre responsabilités constituent La Responsabilité des sociétés humaines face aux défis énergétiques et assumer cette responsabilité c’est agir pour un développement soutenable.

Gérald Majou de La Débutrie

Chargé de mission Développement durable

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