C’est pour cela que nous, Grandes écoles, devons expliquer en quoi notre recherche apporte une partie des réponses aux grands défis sociétaux. Nous faisons avancer la science qui permettra de résoudre dans les 30 ans qui viennent le problème du réchauffement climatique. Nous formons des doctorants qui dans leur métier répondront aux nouveaux besoins de la société en matière de nourriture, de santé, de logement et de confort. Pour renforcer l’attractivité de la recherche pour nos futurs étudiants nous devons communiquer dans toute notre société le sens profond d’utilité pour la nation que procure le métier de chercheur.
Renforcer l’attractivité c’est aussi valoriser davantage les carrières. Pour valoriser les carrières nous devons en France continuer à valoriser l’obtention du doctorat. Obtenir un doctorat lorsqu’on se destine à une carrière académique, voilà un parcours naturel et bien compris : « je suis doctorante pour devenir ensuite maitre de conférences ou chargée de recherche (dans les ONR), et j’ambitionne de devenir professeure ou directrice de recherche ». Certes, et pour autant, obtenir un doctorat lorsqu’on se destine à une carrière industrielle, reste encore en France un parcours « original ». C’est sur ce sujet en particulier, alors que la France s’engage dans une stratégie de réindustrialisation que nous devons porter nos efforts. Nous, Grandes écoles, contribuerons à cette stratégie en opérant en France un choc de formation de nos étudiants en général, et un choc de formation par la recherche en particulier. Notre ambition ? Faire en sorte que l’excellence et la capacité à innover que procure une formation par la recherche pousse l’industrie à recruter davantage de docteurs, à des salaires plus compétitifs. A ce jour, en France, de nombreux ingénieurs contribuent à la recherche dans l’industrie sans le diplôme de doctorat. A ce jour en France, l’obtention d’un doctorat ne constitue ni un levier financier, ni un levier de carrière attractif en général pour travailler dans l’industrie. C’est en partie à nous, Grandes écoles, de modifier au fur et à mesure cette caractéristique particulière et singulière de notre écosystème national, pour renforcer l’intérêt mutuel qu’industrie et enseignement supérieur ont à construire l’avenir ensemble. Il en va de l’attractivité des métiers de la recherche pour les 30 ans à venir.
Renforcer l’attractivité de la recherche c’est aussi maintenir l’excellence de l’enseignement dans nos Grandes écoles. Nos diplômés doivent savoir piloter les systèmes d’aujourd’hui et concevoir les systèmes de demain, dans tous les domaines (transport, énergie, santé, agriculture, management, gestion, etc.). Nous les formons pour qu’ils arrivent sur le marché du travail en étant à la pointe des savoirs actuels. Nous leur transmettons notre savoir pour qu’ils répondent aux besoins des secteurs public et privé, dans un monde en constante mutation. Comment faisons-nous ? Pour délivrer un tel niveau de formation, nous, Grandes écoles, nous engageons dans une recherche visible au meilleur niveau académique international. Nous diffusons l’état des connaissances dans nos formations. Nous faisons avancer chaque année l’état de l’art. Nous tissons des relations avec les entreprises, grandes ou petites, pour répondre à leurs enjeux. Nous assurons l’employabilité de nos diplômés « non chercheurs » et répondons ainsi aux stratégies de développement des grandes filières industrielles françaises. Renforcer l’attractivité de la recherche c’est aussi assurer l’excellence de notre faculté à former pour l’avenir.
Voici donc notre triple défi d’attractivité pour nous, Grandes écoles, dans le domaine de la recherche : donner du sens, valoriser le diplôme de doctorat dans l’industrie, maintenir notre excellence académique à long terme.
François Dellacherie,
directeur de Télécom SudParis
A propos de François Dellacherie
François Dellacherie est diplômé de l’École polytechnique. En 1991, il intègre le corps des ingénieurs des télécommunications. Il complète sa formation d’ingénieur à Télécom Paris et par un DEA en mathématiques appliquées au traitement de l’image, avant de rejoindre le ministère de la Défense. De 1993 à 2020, il y a exercé des responsabilités scientifiques et managériales dans de nombreux domaines : sécurité des systèmes d’information, R&D en électronique et informatique, traitement de l’image, mobilité numérique, relations avec l’industrie et partenariats internationaux, direction de l’innovation et des technologies. A la direction de Télécom SudParis depuis 2020, François Dellacherie a pour missions de poursuivre le développement de l’école en s’appuyant sur ses domaines d’excellence (cybersécurité, science des données et intelligence artificielle, réseaux et internet des objets, multimédia), de développer et mettre en œuvre la stratégie d’ensemble de l’Institut Mines-Télécom (IMT) dont l’école fait partie et enfin de concourir à la construction de l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris). Il préside la commission recherche et transfert de la CGE depuis mars 2022.