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On ne naît pas femme ingénieur… mais on le deviendra !

« Ingénieur n’a pas de féminin. Une femme ingénieur. Dict. xxes. »    Les métiers ont-ils…
Publié le 30 mars 2022
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« Ingénieur n’a pas de féminin. Une femme ingénieur. Dict. xxes. »

 

 Les métiers ont-ils un genre ?  

Non bien entendu ; nos valeurs universalistes, la Déclaration Universelle de 1948 sont ici pour nous le rappeler, de même la charte de l’O.I.T : « L’objectif principal de l’OIT est de promouvoir l’accès des hommes et des femmes à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité humaine » .

 

Quelle est la réalité du monde du travail ? 

Réussir à attirer des femmes dans des métiers jusqu’ici investis par des hommes demeure une problématique contemporaine. Femmes et hommes ne choisissent pas les mêmes métiers, filières et destins. Les imaginaires collectifs y contribuent : imaginons-nous « une esthéticienne » au féminin et « un maçon » au masculin ? 1,1% des femmes sont menuisiers, 0,4 % charpentiers, les hommes sont à 2,8 % sage-femme, moins de 3 % sont esthéticiens, moins de 4% auxiliaires de vie.

Le cas de l’informatique est particulièrement éclairant : historiquement secteur largement féminisé jusqu’aux années 80… où la tendance s’inversa. Cela dit, de plus en plus de femmes deviennent développeuse informatique.

 

Quel paysage s’offre-t-il à nous au niveau des Grandes écoles ?

Le taux de féminisation moyen des écoles d’ingénieurs est de 32,8 % en 2020, pour une quasi-égalité en écoles de management. Bonne nouvelle ?  Selon une étude du Ministère de l’Enseignement supérieur, l’année2075 constituera le moment où le nombre de femmes ingénieures sera équivalent au nombre d’hommes !

 

Pour l’instant, la part des femmes en activité professionnelle continue d’être moins élevée que celles des hommes tous types d’écoles confondues. Les managers hommes connaissent moins de difficultés à trouver un emploi. Sur la promotion 2020, un écart de salaire de 6,6 % était constaté (CGE, Enq. Insertion, 2021. Min Ens Sup & de la Rech, 2020). La part des femmes en recherche d’emploi reste sensiblement plus élevée que celle des hommes. Les nouvelles diplômées sont plus souvent en CDD.

Enfin, en salaire brut annuel une femme sur 4 percevait moins de 32.000 euros, pour seulement pratiquement un homme sur 10 !

Elles sont moins présentes dans les secteurs informatiques, sur-représentées dans l’industrie agro-alimentaire et le commerce.

Mais attention : les femmes sont en proportion plus nombreuses dans les métiers numériques émergents que dans les métiers numériques déclinant (Desjonquères, Maricourt, Michel : « Data scientists, community managers ». INSEE, 2019). Des dynamiques sont à l’œuvre, il s’agira pour nous de les accompagner !

 

Quelles perspectives et pistes de travail se dessinent-elles ?

En Terminale, les inégalités jouent sur les stéréotypes et l’autocensure. Entre 2006 et 2016, le taux d’accès des filles en écoles d’ingénieurs ne dépassait pas les 1,6%, contre 3,9% pour les garçons. Comment y remédier à notre « niveau », au-delà des interventions dès l’école primaire ?

 

 

  • Faire intervenir des femmes ingénieures dans les classes de terminale scientifique, l’expérience montrant que la proportion des filles s’orientant vers une classe préparatoire scientifique augmenterait de 30%.
  • Délivrer une information spécialisée aux élèves dont le niveau est suffisant pour réussir dans les filières sélectives mais qui, du fait de leur milieu social, ne se le l’imaginent pas ?

Dans les Grandes écoles, la prise en compte de ces problématiques progresse, au travers d’actions concrètes.

  • 47 % des établissements d’enseignement supérieur ont déjà formalisé une stratégie pour l’égalité femmes-hommes.
  • Et les jeunes s’engagent : 65% des actions étudiantes sont engagées dans un projet concernant l’égalité F-H.

Les Grandes écoles sont à l’image de la société dans laquelle elles s’inscrivent et procèdent d’un tissu sociétal ou la situation des droits des femmes, les imaginaires, les choix, ont une histoire, un poids, une force d’inertie dont elles aussi à connaître les conséquences.

On ne peut que se féliciter que les Grandes écoles se soient engagées dans ce beau projet ou il reste tant à faire.  N’attendons pas 2075 !

 

Edouard Steinthal,
Responsable Career Center Pole Léonard de Vinci

(Merci à Laure Bertrand, Noa Lions et Nathalie Ranéa et pour leurs apports et/ou relecture attentive)

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