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Violences sexuelles et sexistes : la nécessité d’un accompagnement multi-niveaux

Face aux violences sexuelles et sexistes, la nécessité d’un accompagnement multi-niveaux Les résultats de l’étude…
Publié le 2 décembre 2022
Violences sexuelles et sexistes : la nécessité d’un accompagnement multi-niveaux
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Face aux violences sexuelles et sexistes, la nécessité d’un accompagnement multi-niveaux

Les résultats de l’étude ACADISCRI[1], montrent la persistance de violences sexuelles et sexistes (VSS) dans l’enseignement supérieur.  Celles-ci touchent tant le personnel que les étudiantes et étudiants. Parmi ces derniers, certains déclarent avoir été confrontés à un climat sexiste sexualisé (19,9 des femmes, 6,9% des hommes), avoir été victimes de harcèlement sexuel (4,9% des femmes, 1,9% des hommes) ou d’agression sexuelle (4% des femmes, 1,1% des hommes). 50,9% du personnel déclare avoir subi un traitement inégalitaire, 2,5% étaient l’objet de harcèlement et/ou d’agression sexuels et 7,8% de menaces ou violence physiques.

Face à l’ampleur du sujet, les établissements disposent aujourd’hui de moyens encore limités. Selon le baromètre Egalité femmes-hommes 2021 de la CGE[2], référentes et référents Egalité disposent de peu de temps (6,5% ont un temps plein, 30,1% n’ont aucun temps dédié pour réaliser leurs missions) et ont une ancienneté moyenne faible (27,1 mois) au regard des enjeux. De plus, si 85,7% des établissements répondant disposent d’une cellule ou personne chargée de traiter les VSS, seuls 67,6% ont été saisis ne serait-ce qu’une fois pour traiter une situation de VSS. Ce qui interroge notre capacité à adresser ces situations.

Si aspects disciplinaires occupent alors une place importante, force est de constater que l’accompagnement des victimes nécessite une prise en compte multiniveaux pour libérer la parole, protéger et accompagner les victimes, sanctionner les auteurs, crédibiliser notre engagement et construire un climat plus inclusif.

C’est pourquoi nous esquissons ici une démarche – tirée des cinq étapes des premiers secours en santé mentale[3] – pour accueillir la parole des victimes et élaborer une réponse adaptée à leurs situations :

  1. Approcher la personne et évaluer la situation, pour l’assister en cas de crise et passer le relai aux secours si nécessaire, ou passer à l’étape suivante.
  2. Ecouter la personne activement et sans jugement, pour comprendre la situation de manière factuelle et globale. Il s’agit d’explorer diverses problématiques dans un cadre sécurisant : faits et sources des difficultés, souhaits de la victime, atteintes à sa santé et à son autonomie (anxiété, difficultés de concentration, fatigue, altération du sommeil et/ou du rapport à la nourriture, consommation de substances, pensées sombres, incapacité à effectuer des tâches simples, à parler, rapport aux autres, etc.), risques de décrochage, capacité à mobiliser de l’aide, etc.
  3. Réconforter et informer la personne sur ses droits et les ressources mobilisables. La qualité de l’écoute apportée et la déculpabilisation des victimes, encore trop souvent nécessaire, participe à la préservation de sa santé.
  4. Orienter la personne vers des professionnels compétents. Si les référentes peuvent intervenir, définir des mesures conservatoires et mobiliser des ressources internes (bienveillance des collègues, coaching, soutien enseignant, recherche de nouveaux stages et apprentissages, etc.) dans leurs écoles, l’orientation vers des acteurs spécialisés (médecins, psychiatres et psychologues, assistants sociaux, acteurs du droit) [4] s’avère souvent nécessaire et précieuse.
  5. Renseigner la personne sur les autres ressources disponibles. Le simple fait de continuer des activités qui lui faisaient du bien (sport, musique, lecture, etc.), de maintenir le lien avec ses proches, ou d’utiliser des applications d’auto-aide contribue au rétablissement de la personne, tout en lui donnant le temps de réfléchir à ses besoins en accompagnement.

Ainsi, si la sanction des auteurs joue un rôle majeur pour protéger les (futures) victimes de VSS, adresser les dimensions thérapeutiques, sociales et académiques est aussi capital pour éviter qu’elles décrochent, continuent à souffrir et subissent une double peine.

 

[1] Pour en savoir plus, voir Eclairages : Expérience des discriminations dans l’enseignement supérieur et la recherche en France – Premiers résultats de l’enquête Acadiscri, Défenseur des droits, 2022.

[2] Pour en savoir plus, voir le baromètre Egalité Femmes-Hommes de la Conférence des Grandes Ecoles, 2021.

[3] Pour en savoir plus et avoir une maîtrise plus approfondie de la méthode et une compréhension accrue des multiples problématiques soulevées, voir https://pssmfrance.fr/ .

[4] Voir notamment France Victimes et le Défenseur des droits sur le volet juridique, le 3114 en cas de risque suicidaire ou le 0 800 235 236 sur le volet médicosocial, l’Unafam pour le soutien aux familles et de nombreuses autres structure généralistes ou spécialisées.

Marc Rivault,
chargé de missions d’expertise au sein de la Chaire IPAG
co-pilote du groupe de travail Egalité femmes-hommes de la CGE

A propos de Marc Rivault

Chargé de missions d’expertise au sein de la Chaire IPAG « Entreprise inclusive » et enseignant-chercheur en GRH, Marc RIVAULT assure l’accompagnement des étudiants et étudiantes de son école en sa qualité de responsable du développement « Innovation sociale et inclusion ».

Co-pilote du groupe de travail Egalité femmes-hommes de la CGE, il est frappé par l’existence de problématiques communes entre l’accompagnement d’étudiantes et étudiants victimes de VSS – souvent source d’atteinte à la santé– et les enjeux d’accompagnement et d’aménagements en matière de handicap auxquels il participe.

Il appuie également son action sur l’expérience développée au sein de l’Association Française des Managers de la Diversité.

A propos de l’IPAG Business School

L’IPAG Business School a pour ambition de promouvoir un management adapté à un monde globalisé et en mutation à travers la formation de managers agiles, polyvalents et responsables, la recherche et la dissémination de ses travaux dans sa pédagogie ainsi qu’auprès des parties prenantes, à travers l’ouverture de ses étudiants et étudiantes à la diversité des cultures et des savoirs, ainsi que leur sensibilisation aux grands enjeux contemporains et à l’éthique.

C’est aussi une association loi 1901 à but non lucratif, dont le mode de gouvernance unique permet la représentation des différents acteurs de la vie de l’école au sein du conseil d’administration.

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