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Parcours de vie, parcours de Grande école

De réforme (2008) en réforme (2018), les dispositifs et structures de la formation « à la…
Publié le 30 octobre 2017
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Louis-Joseph Brossollet, directeur de l’Enseignement d'ISEPDe réforme (2008) en réforme (2018), les dispositifs et structures de la formation « à la française » ne se simplifient pas : FC, E2C, FTLV, VAE, RNCP, OPCA, FISA, CFA, VAE, CQP, CIF, CPF qui succède au DIF… Cette biodiversité lettriste a au moins le mérite de rappeler que les dispositifs sont nombreux parce que les situations individuelles sont diverses. Le désir et le besoin de formation (et de reconnaissance sociale) sont immenses dans notre pays.

Certes, l’ouverture sociale est un sujet sur lequel les établissements de la CGE ont déjà progressé. Reprise d’études (dispositif filière d’ingénieurs Decomps (1989) ; apprentissage (1995) ; Mastères spécialisés, programmes courts… ont été complétées notamment par la VAP puis la VAE Les Grandes écoles ont compris et utilisé les dispositifs nationaux de financement de la formation professionnelle ou de l’apprentissage, et ont certes déjà fait évoluer leurs modèles. Une attention est portée aux biais sociaux de nos dispositifs de sélection.

Pour contribuer au défi national de formation et de réduction des fractures sociales, numériques, culturelles, les Grandes écoles peuvent-elles  faire mieux ?

Une inspiration peut venir de l’institut Vaucanson, ouvert par le CNAM en 2010. Cette formation post-bac d’excellence, réservée aux bacheliers professionnels, avait pour nom de code  « Grande Ecole des Métiers »  au sein de l’équipe multi-écoles volontaire pour sa préfiguration en 2009, sous l’égide de Jean-Pierre Boisivon (CNED puis ESSEC) et de feu Vincent Merle (CEREQ puis CNAM). Expérience et ambition  intéressantes à relire 8 ans après, à l’heure de la crise APB…

Dans un monde idéal, il y aurait une place d’apprenti pour chacun. Mais les perspectives sur le financement de l’enseignement supérieur, et a fortiori de l’apprentissage post-bac, invitent peut-être à imaginer d’autres dispositifs pédagogiques, organisationnels et financiers.

(En passant, nos établissements bancaires partenaires, ayant table mise dans nos halls d’école, traitent-ils comme il convient nos élèves méritants mais qui n’ont pas de garantie bancaire parentale ? Demandons-leur, le cas échéant, d’investir sur l’intelligence… au regard si nécessaire du nombre de comptes qu’ils ouvrent parmi nos autres élèves « sans risque »).

Autre inspiration, les établissements sous tutelle du ministère de l’ESRI ont reçu une circulaire les invitant à mettre en œuvre la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté, c’est-à-dire généraliser rapidement la reconnaissance des engagements étudiants : activités bénévoles, civiques mais aussi professionnelles, pouvant contribuer au cahier des charges de la formation (c’est-à-dire le référentiel de compétences). [i] A cette exigeante demande s’associe également une invitation à développer des modalités d’aménagement et de droits spécifiques. Nos établissements accordent bien volontiers reconnaissance et aménagements à des sportifs de haut niveau. Nous leur réservons même une place  sur la plaquette de promotion de l’école !

Mais faisons-nous le même effort vis-à-vis des candidats dont l’engagement n’est pas sur un terrain de 400m, mais plutôt sur un parcours d’obstacles économiques et sociaux ? Avoir l’œil rivé sur le délai d’obtention de notre diplôme (le sacro-saint « 5 ans »), est-il si important pour ce type d’apprenants ? Jusqu’où peut-on, doit-on aller en matière de reconnaissance et d’ « aménagements » ? La distinction administrative entre formation initiale sous statut d’étudiant, sous statut d’apprenti, et formation continue est-elle dans tous les cas pertinente « vu de l’apprenant » ?   Et peut-on pour cela renouveler les relations avec les entreprises employeurs ?

Si une Grande école est une échelle proposée à des individus ayant une volonté forte de progresser, qu’importe que le premier barreau de cette échelle soit bas, branlant ou inhabituel aux yeux de tiers déjà diplômés et établis…) pourvu que le dernier soit haut, du point de vue de l’individu concerné.  Il y a peut-être de nouvelles Grandes écoles (ou « programmes Grandes écoles ») à imaginer, pour à accueillir des hommes et des femmes inhabituels mais animés d’un désir de sens et d’excellence personnelle.

Changeons de regard et posons la  question : « Une Grande école, oui mais aux yeux de qui ? ».

[i] Circulaire précisant les conditions d’application Loi n°2017-86 du 27 janvier 2017 – intégrée au code de l’éducation art. L611-9.

Louis-Joseph Brossollet
directeur de l’Enseignement
ISEP

 

A propos de Louis-Joseph Brossollet

Louis-Joseph Brossollet a un double parcours de cadre d’entreprise et d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, avec un fil rouge « innovation et lien formation-recherche-entreprises ». Il a notamment contribué au développement de deux deux écoles d’ingénieurs, l’ESIEA et l’Université de Technologie de Troyes (pour laquelle il a ouvert l’apprentissage, et fait partie de l’équipe de préfiguration de l’Institut Vaucanson), et de l’institut de recherche IRSTEA, au poste de directeur de l’Institut Carnot. Ingénieur ECP, il a obtenu un PhD au Georgia Institute of Technology (Atlanta, USA).

A propos de l’ISEP 

Logo IsepL’ISEP forme depuis 1955 au cœur de Paris des ingénieurs du du numérique : Informatique et Cybersécurité, Electronique, Télécommunications et Internet des , l’Imagerie. Pionnière, sans le cadre d’un projet humaniste ancré dans son histoire a successivement formé 327 ingénieurs «NFI Decomps » entre 1991 et 2004, puis a ouvert l’apprentissage en 1996, et compte aujourd’hui plus de 1600 élèves-ingénieurs  dont 175 apprenti. Elle propose également des Masteres Spécialisés des  (Badges et des modules courts). L’ISEP compte 121 universités partenaires sur 5 continents dans 43 pays, et accueille également depuis 15 ans la prestigieuse université américaine Stanford dans le cadre de son programme « Stanford à Paris ». Pour plus d’information, rendez-vous sur www.isep.fr.

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