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Nesim Fintz, directeur fondateur de l’EISTI et président de l’UGEI

Nesim Fintz est né le 05/11/1950 à Istanbul (Turquie), il est marié et père de…
Publié le 22 avril 2012
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Nesim Fintz est né le 05/11/1950 à Istanbul (Turquie), il est marié et père de quatre enfants. Diplômé de l’ESSEC en 1975, il devient titulaire d’une maîtrise de mathématiques et ses applications fondamentales en 1974. Il a obtenu un DEA de mathématiques de la décision en 1975. Jusque en 1977, il a été chargé d’enseignement à l’Université de Paris IX Dauphine, tout en préparant sa thèse de doctorat de mathématiques appliquées

Professeur et chef de département à l’EDHEC (École des hautes études commerciales du Nord) de 1977 à 1983 (administrateur de l’EDHEC jusqu’en février 2000), Il est le directeur fondateur de l’EISTI (École internationale des sciences du traitement de l’information) en 1983. Expert auprès de l’OCDE catégorie III entre 1986 et 1991, il a effectué plusieurs missions internationales pour cette organisation. Il a été membre du Higher Education Software Library Committee  de UNISYS Corporation (14 membres représentant pour moitié l’Europe et pour l’autre moitié l’Amérique du Nord) entre 1986 et 1994.

Il est membre du conseil académique de l’Université de Galatasaray, où l’EISTI est l’une des grandes écoles et universités françaises membres du consortium créé à cet effet. Il a présidé l’Amicale de Galatasaray entre 1994 et 1996 et entre 2002 et 2006. Il assure la présidence de PACRRET (Plate-forme d’Agglomération de Cergy-Pontoise pour le réseau de recherche, d’enseignement et de technologie) depuis 2006. Vice-président de l’UGEI entre 2007 et 2010, il est élu président le 15 décembre 2011.

Nesim FINTZ a été fait Chevalier dans l’Ordre National du Mérite le 14 mai 2001 et Chevalier des Palmes académiques le 24 avril 2008.

CGE : La création de l’EISTI est-elle l’œuvre de votre vie, l’illustration et l’application de vos fondamentaux pédagogiques ou le meilleur vecteur pour faire corps avec un établissement d’enseignement supérieur ou les trois à la fois et pourquoi ?

N.F. :
L’œuvre de ma vie est avant tout ma famille : mon épouse, mes quatre fils et mes petits-enfants. Mais, indiscutablement, l’EISTI joue un rôle essentiel dans mon existence depuis bientôt trente ans. C’est à la fois le témoignage de mon amour pour la France et l’expression d’une ferveur pédagogique que je partage avec des personnes pour lesquelles le savoir et la formation d’hommes et de femmes libres et épanouis sont des missions sacrées. Cela impose des sacrifices mais le bonheur qui en découle est immense : transmettre un savoir et accompagner des destins sont des récompenses de chaque instant. Un bonheur qu’on goûte ensuite avec gourmandise lorsqu’on retrouve nos anciens élèves, devenus des professionnels avertis, encore et toujours fidèles à leur école. Vingt-six promos successives, c’est un cadeau émouvant pour un professeur tel que moi. Surtout lorsque parmi nos récentes recrues figurent désormais les enfants de certains de nos tout premiers élèves !

CGE : Comment exprimez-vous votre attachement à la diversité dans votre établissement ? Quelle place tiennent les étudiants étrangers et constituent-ils un enjeu stratégique pour vous ?

N.F. : Issu de cette « diversité », j’ai tenu à ce qu’elle se vive très naturellement à l’EISTI. Mais sans « discrimination positive » – je déteste cette terminologie grotesque ! – : seuls le talent personnel et l’appétence pour les études comptent dans notre École. La laïcité républicaine a toujours porté le projet philosophique de l’EISTI, car la diversité s’y épanouit mieux encore. Nombre de nos professeurs sont d’origine étrangère, de même que plus de 20 % de nos élèves. Ces derniers constituent les meilleurs vecteurs de l’excellence de l’enseignement de l’ingénierie hexagonale dans le monde. Notre savoir doit donc s’exporter de façon plus systématique encore : cette matière grise est notre « or gris ». La diffuser est utile et profitable. A l’heure de la mondialisation, doter les élites étrangères d’un savoir acquis en France est la meilleure façon pour notre pays de rayonner et de maintenir son rang au sein du concert des nations.

CGE : L’EISTI est un peu comme la fille que vous n’avez pas eue, quelle empreinte souhaitez-vous inscrire dans ses gênes durablement et comment envisagez-vous la transmission de vos valeurs au moment de trouver un successeur ?

N.F. : Il est exact que j’utilise souvent l’expression que vous évoquez. C’est d’autant plus juste que j’ai toujours considéré l’EISTI comme une grande et belle famille nombreuse… Une famille heureuse aussi, car attentive à chacune et à chacun de ses membres. Pour ancrer cet état d’esprit, et dès 1989, nous avons rédigé une charte fondée sur quatre valeurs. Celles-ci sont toujours d’actualité, plus de vingt ans après. Elles constituent la « signature génétique » de notre établissement, de ses élèves et de ses professeurs : Professionnalisme, Ouverture, Solidarité, Éthique. Qui plus est, l’état d’esprit qui règne à l’EISTI est naturellement convivial, chaleureux et accueillant. Cela fait de nos élèves des êtres à la fois studieux et heureux. Il est évident que la personne qui me succèdera devra faire prospérer ces valeurs fondatrices et nourrir cet état d’esprit particulier.

CGE : Savoir s’entourer, trouver les bons partenaires dans la vie comme dans l’exercice de sa profession, voyager esprit et cœur ouverts, comprendre l’autre et faciliter la rencontre pour fédérer les énergies, regarder vers l’avant sans se détourner de l’objectif… Que vous inspirent ces enjeux par rapport à votre expérience et à votre personnalité ?

N.F. : Mes origines et mon métier m’ont sans cesse conduit à voyager, à demeurer curieux, à apprendre des autres et à les comprendre, à échanger et à construire ensemble. Avec courage et avec cœur, sans œillères mais sans naïveté non plus. L’aventure humaine de l’EISTI est passionnante de ce point de vue aussi : diriger des femmes et des hommes d’origines ou de convictions différentes est une expérience d’une grande richesse. Le défi est encore plus agréable à gagner lorsqu’on le relève à plusieurs. La joie devient aussitôt communicative et elle se propage vite à l’EISTI. Cela n’interdit ni le doute ni les erreurs mais cela évite l’aveuglement des certitudes trop personnelles. Cela implique également de disposer d’une autorité naturelle d’autant plus légitime qu’elle respectera les personnalités et des idées de ses collaborateurs. Cet équilibre délicat à créer puis à maintenir, cette énergie plurielle à canaliser puis à optimiser, ces horizons à dépasser régulièrement ensemble sont les moteurs de ma vie professionnelle.

CGE : En 2012, si vous deviez proposer un référendum, quelle serait votre question aux Français ?

N.F. : Le gaulliste de conviction – que je suis, depuis la visite du général de Gaulle en Turquie, en 1968 – incite à la plus grande prudence quant à l’usage du référendum. Car c’est un outil institutionnel particulièrement important et qu’il ne s’agit pas de galvauder. Je ne me juge donc pas compétent, même par simple curiosité, d’en user pour poser une question aux Français, aussi légitime soit-elle.

Propos recueillis par Pierre Duval
CGE – Chargé de mission Communication

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